Enquête suisse sur la population active (ESPA)
Enquête suisse sur la population active (ESPA)

Enquête suisse sur la population active (ESPA)

Les mères sur le marché du travail en 2021

Résumé

En 2021, plus de quatre mères sur cinq étaient professionnellement actives en Suisse. Cette forte participation au marché du travail va de pair avec le travail à temps partiel très fréquent en Suisse, puisque huit mères sur dix exercent leur activité professionnelle avec un taux d’occupation réduit. Même si les mères occupées à temps partiel sont toujours plus nombreuses à travailler avec un taux d’occupation élevé, une sur cinq reste en situation de sous-emploi.

Dans la présente publication et quand cela n’est pas autrement spécifié:

– Les mères sont des femmes de 25 à 54 ans avec propre(s) enfant(s) de moins de 15 ans dans le ménage. La quasi-totalité des mères avec au moins un enfant de 0 à 14 ans sont dans cette tranche d’âges (98,3% en 2021); elles représentent 42,7% de l’ensemble des femmes de 25 à 54 ans.

– Les femmes sans enfant sont des femmes de 25 à 54 ans sans propre enfant dans le ménage.

Seule une mère sur neuf quitte le marché du travail après une maternité contre encore une sur sept au début des années 2010. La naissance d’un 1er enfant s’accompagne cependant d’une réduction du temps de travail équivalant à un peu plus d’un jour de travail en moins par semaine. Lorsque l’enfant grandit, une hausse du pensum hebdomadaire s’observe et les mères ayant quitté le marché du travail le réintègrent progressivement. Indépendamment de l’âge des enfants, la participation au marché du travail des mères reste toutefois inférieure à celle des femmes sans enfant. Les comportements varient sensiblement selon la nationalité et le degré de formation.

Si l’arrivée d’un enfant dans le ménage n’entraîne pas de modification significative du taux de participation au marché du travail des pères, ils sont toujours plus nombreux à opter pour un taux d’occupation réduit.

18% des mères n’exerçaient pas d’activité professionnelle en 2021. Cette situation semble volontaire puisque la quasi-totalité d’entre elles ne recherchaient pas d’emploi. Plus de la moitié se disaient par contre prêtes à travailler en cas d’offre intéressante; une sur six serait même disponible à très court terme pour commencer une activité. Les mères sorties du marché du travail réintègrent la vie active en moyenne après une pause d’un peu plus de cinq ans; leur taux d’occupation est sensiblement inférieur à celui des mères qui restent professionnellement actives après une maternité.

En comparaison européenne, la Suisse est, après la Suède, le pays affichant la participation au marché du travail des femmes la plus élevée. Celle des mères en revanche se place plus en retrait dans le classement par pays, mais reste supérieure de 4 points à celle de la moyenne européenne. Indépendamment de la présence d’enfants, la Suisse est, après les Pays-Bas, le pays où la part de femmes travaillant à temps partiel est la plus élevée.

Introduction

La Suisse a connu une très nette hausse de la participation au marché du travail des femmes, et en particulier des mères, au cours des trente dernières années. Aujourd’hui, la présence des femmes sur le marché du travail en Suisse est l’une des plus marquées d’Europe. Toutefois, la maternité demeure toujours pour les femmes un événement déterminant et va souvent, en fonction des souhaits ou des besoins, conduire à des changements professionnels.

Sur la base des résultats les plus récents de l’enquête suisse sur la population active (ESPA), cette étude montre les conséquences de la maternité sur la vie professionnelle des femmes. On y décrit la situation professionnelle des mères dans leur ensemble, mais aussi en fonction de l’âge au 1er enfant (chapitre 1), analyse comment celle-ci se modifie avec l’arrivée d’un enfant et lorsque celui-ci grandit (chapitre 2). Elle aborde ensuite la situation des mères sans activité professionnelle ainsi que les conditions de travail de celles réintégrant le marché du travail après une période de non-activité (chapitre 3). Elle met enfin en parallèle la situation professionnelle des mères en Suisse à celle des pays de l’Union européenne (chapitre 4). La comparaison avec les résultats de la précédente étude http://www.bfs.admin.ch/asset/fr/1654-1600Les mères sur le marché du travail, OFS, 2016Les mères sur le marché du travail, OFS, 2016. En raison d’une révision de la pondération de l’ESPA en 2017, les chiffres diffusés ont pu très légèrement varier. permet de relever des évolutions sur une période d’une dizaine d’années.

1 Les mères sur le marché du travail

Cette première partie décrit la situation professionnelle des mères: évolution des taux de participation au marché du travail (taux d’activité), évolution du temps partiel, situation en termes de sous-emploi et d’activité indépendante et âge à la naissance du 1er enfant. Des indications sont aussi livrées à titre de comparaison pour les pères ainsi que pour les femmes sans enfant.

Forte progression du taux d’activité des mères, peu de ­mouvement chez les pères

Le taux d’activité des mères a progressé de plus de 20 points de pourcentage en l’espace de 30 ans (1991: 59,6%; 2021: 82,0%; graphique G1). Ce phénomène s’est accompagné d’une légère baisse du nombre d’enfants par ménage (1,76 enfant de moins de 15 ans en moyenne en 1991; 1,68 en 2021). Le taux d’activité des pères est resté par contre très élevé sur la même période (1991: 98,9%; 2021: 96,9%). Le taux d’activité des femmes sans enfant est passé quant à lui de 88,4% à 91,9%.

Hausse de l’activité chez les mères suisses

Alors que l’écart de participation au marché du travail entre Suissesses et étrangères est faible chez les femmes sans enfant (Suissesses: 93,2%; femmes étrangères: 89,1%; graphique G2), il est particulièrement marqué chez les mères: en 2021, le taux d’activité des mères suisses (87,2%) était ainsi de 15 points de pourcentage plus élevé que celui des mères étrangères (72,7%), un rapport qui était inversé 30 ans plus tôt (Suissesse: 57,0% en 1991; étrangères: 73,6%).

Les mères sans formation post-obligatoire moins présentes sur le marché du travail

En 2021, les mères sans formation post-obligatoire sont proportionnellement bien moins nombreuses à exercer une activité professionnelle que les mères avec un niveau de formation moyen ou supérieur (sans formation post-obligatoire: 67,0%; secondaire II: 82,1%; tertiaire: 86,2%; graphique G3). Elles ne représentaient toutefois plus que 12,6% des mères contre encore 23,1% 30 ans plus tôt.

Taux d’activité des mères est le plus bas au Tessin

Si le taux de participation au marché du travail des mères romandes (82,7%) était quasi identique à celui des alémaniques (82,1%), seules 74,7% des mères participaient au marché du travail au Tessin.

Mères professionnellement actives plus âgées à la naissance du 1er enfant que mères non actives

L’âge moyen à la naissance du premier enfant s’élevait à 31,1 ans en 2020, en hausse d’environ 1 année tous les 10 ans (1990: 27,6 ans; 2000: 28,7 ans; 2010: 30,2 ans) Statistique du mouvement naturel de la population (BEVNAT), femmes mariées uniquement . Des raisons, telles que l’allongement de la formation et l’entrée tardive dans la vie active mais aussi des changements de comportements, peuvent être invoquées pour expliquer cette hausse. Les mères présentes sur le marché du travail avant la naissance de leur 1er enfant étaient 2,9 ans plus âgées que les mères non actives (31,9 contre 29,0 ans; moyenne de 2016 à 2021) L’âge à la naissance du 1er enfant distingué selon le statut sur le marché du travail et d’autres critères se base sur l’ESPA (ensemble des mères, indépendamment de leur état civil). . Les mères avec un niveau de formation tertiaire étaient en moyenne 1,6 ans plus âgées au moment de la naissance de leur 1er enfant (32,3 ans) qu’une mère avec une formation de niveau secondaire II (30,7 ans) et 5,6 ans plus âgée qu’une mère sans formation post-obligatoire (26,8 ans).

À l’aide d’une régression logistique, les effets simultanés de 9 caractéristiques sociodémographiques avant la naissance à même d’influencer l’âge de la mère au moment d’avoir son 1er enfant sont estimés (nationalité, niveau de formation, région linguistique, situation dans la profession, revenu professionnel, branche économique, profession exercée, durée dans l’entreprise, taux d’occupation). Disposer d’un revenu professionnel élevé constitue le facteur avec le plus de pouvoir explicatif d’un âge au 1er enfant élevé. Avoir une nationalité étrangère de l’UE/AELE et avoir le statut d’activité «indépendant» influencent aussi significativement à la hausse l’âge au 1er enfant (tableau T1). La région linguistique, le taux d’occupation, la profession et la branche économique ne présentent en revanche pas d’influence significative. Il est intéressant de constater que le niveau de formation ne constitue plus non plus un facteur significatif quand le revenu professionnel est considéré. Malgré la détection des trois facteurs explicatifs précités (revenu professionnel, nationalité et statut d’activité), le modèle retenu a un pouvoir explicatif limité (R2 de 0,16), ce qui suggère une grande diversité d’autres facteurs explicatifs, comme les caractéristiques sociodémographiques du père de l’enfant ou l’appartenance socioculturelle.

Régression logistique sur la probabilité d’une femme d’avoir un premier enfant à un âge supérieur à la ­moyenne, de 2010 à 2021T1

Test d’hypothèse sur le modèle complet (Testing global Null hypothesis) Chi-square deg. de liberté Pr > Chisq
Effet des variables dans le modèle
(Type 3 analysis of effect)
Wald Chi-sq deg. de liberté Pr > Chisq
Model Fit Statistics
Domaine: femmes actives occupées en t-1 ayant eu un premier enfant entre t-1 et tVariable expliquée:
1 = premier enfant à un âge supérieur à la moyenne0 = autre
Estimation de la probabilité d’avoir son premier enfant à un âge supérieur à la moyenne1
Probabilité estimée Intervalle de confiance à 95%
Rapport de vraisemblance 28 8 <,0001
Test «score» 24 8 <,0001
Test de Wald 18 8 <,0001
Revenu horaire professionnel 30 4 <,0001
Nationalité 9 2 <,0001
statut d’activité 5 2 0,01
R-Square 0,164
Situation dans l’année initiale (t-1)
Revenu professionnel horaire
Moins de 25 fr. 0,43 0,31 0,56
Entre 25 fr. et moins de 35 fr. 0,44 0,33 0,56
Entre 35 fr. et moins de 45 fr. 0,71 0,60 0,80
45 fr. et plus 0,87 0,80 0,92
Pas d’information 0,49 0,34 0,64
Nationalité
Suissesses 0,57 0,49 0,64
UE/AELE 0,72 0,64 0,80
États tiers 0,53 0,40 0,65
Situation dans la profession
Indépendante 0,83 0,64 0,93
Membre de la direction ou fonction d’encadrement 0,45 0,37 0,53
Autre salariée 0,49 0,43 0,56

1 Sur la base du modèle logistique estimé, la probabilité d’avoir un premier enfant à un âge supérieur à la moyenne pour chaque catégorie d’une variable explicative retenue (y compris catégorie de référence) est calculée en prenant la valeur moyenne pour les autres facteurs. La probabilité est comprise entre 0 et 1. L’analyse est réalisée sans tenir compte des interactions entre variables; en tenir compte améliore légèrement le modèle.

Source: OFS – ESPA

© OFS 2022

78,1% des mères travaillent à temps partiel

La présence marquée des mères sur le marché du travail se caractérise par une prééminence du travail à temps partiel. En 2021, sur 5 mères exerçant une activité professionnelle, 4 (78,1%) étaient occupées à temps partiel. Ce n’était le cas que pour 35,2% des femmes sans enfant. Le travail avec un taux d’occupation réduit était bien plus répandu chez les mères actives occupées suisses que chez les étrangères (83,1% contre 66,2%). Si la part de mères occupées à temps partiel n’a guère varié en 30 ans, elles sont en revanche toujours plus nombreuses à opter pour un taux d’occupation élevé: la part de mères avec un taux d’occu­pation entre 50 et 89% est passée de 25,7% en 1991 à 44,7% en 2021 alors que la part de celles avec un taux inférieur à 50% est tombée à 33,4% (1991: 51,3%; graphique G4).

Seul un père actif occupé sur neuf (12,8%) ne travaillait pas à plein temps en 2021 (hommes sans enfant: 13,4%). Les pères suisses optent aussi plus souvent pour le temps partiel que les pères étrangers (14,5% contre 9,5%).

Sous-emploi très marqué chez les mères sans formation post-obligatoire

Malgré la progression du temps partiel avec un taux d’occupation élevé, la part de mères en situation de sous-emploi (elles souhaitent travailler davantage et sont disponibles dans les trois mois pour un tel supplément) se maintenait à près d’une mère à temps partiel sur 5 (2020: 19,0%; 2010: 18,4%). Le sous-emploi était deux fois plus élevé chez les mères étrangères à temps partiel que chez les mères suisses (31,1% contre 15,2%). La part de femmes en sous-emploi atteignait un niveau jamais constaté de 38,9% chez les mères à temps partiel sans formation post-obligatoire. Les parts correspondantes étaient de 19,4% chez les mères ayant achevé un secondaire II et de 15,7% chez celles ayant accompli une formation de degré tertiaire.

Sous-représentation dans les fonctions dirigeantes et ­d’encadrement

En 2021, 4,0% des mères de 25 à 54 ans étaient salariées membre d’une direction et 15,1% occupaient un poste avec fonction d’encadrement, des parts sensiblement inférieures à celles des pères (10,1% et 28,6%). Les différences entre les sexes étaient moins marquées chez les personnes du même âge sans enfant (hommes: 6,6% et 26,3%; femmes: 4,0% et 21,0%).

Une mère sur neuf exerce une activité indépendante

La part de travailleuses indépendantes (y compris salariées propriétaires de leur entreprise) parmi les mères actives occupées s’élève à 11,8%, soit près de quatre points de pourcentage plus élevée que chez les femmes sans enfant (8,1%; pères: 15,8%; hommes sans enfant: 11,7%). Cette forme d’activité offre potentiellement davantage de flexibilité au niveau des horaires de travail et permet plus fréquemment une activité à domicile, même si elle présente aussi des pièges tels que des bas revenus, des lacunes de prévoyance vieillesses ou d’autres formes d’assurances.

Mères davantage frappées par le chômage

Avec un taux de chômage au sens du Bureau international du Travail (BIT) de 5,6% en 2021, les mères étaient plus touchées que les femmes du même âge sans enfant (4,5%; graphique G5). Chez les étrangères, la différence entre mères (11,4%) et femmes sans enfant (8,8%) est particulièrement marquée (Suissesses: 3,0% contre 2,7%). Le taux de chômage des pères se situe par contre à un niveau inférieur à celui des hommes sans enfant, ceci pour les Suisses comme pour les étrangers.

2 Conséquence de la maternité sur la ­situation professionnelle

Le premier chapitre de cette analyse a montré une forte progression de l’activité professionnelle des mères au cours des 30 dernières années. On s’intéresse dans ce deuxième chapitre aux trajectoires professionnelles lors d’une maternité et durant les années qui suivent. Les résultats présentés ici en relation avec la naissance d’un enfant sont des moyennes pour les périodes de 2016 à 2021 et de 2010 à 2015.

Près d’une femme active sur neuf quitte le marché du travail après une maternité.

80,2% des femmes qui ont donné naissance à leur premier enfant étaient actives une fois le congé maternité échu, alors que 19,8% étaient non actives (moyenne de 2016 à 2021; graphique G6). La part de femmes actives a reculé de 9,8 points de pourcentage après une première maternité. Rapportée aux femmes qui étaient actives avant la maternité (90,0%), la sortie du marché du travail concernait près d’une mère active sur neuf. En comparaison avec la période d’analyse précédente, les femmes étaient plus nombreuses à se maintenir sur le marché du travail moyenne (de 2010 à 2015: 76,8% de femmes actives après un premier enfant; –13,4 points par rapport à la situation avant la maternité).

Le taux d’activité des femmes qui donnent naissance à un deuxième enfant recule de 7,1 points de % (moyenne de 2016 à 2021; de 76,6% à 69,4%), soit une mère sur onze sortant de la vie active. Ici aussi, la situation a évolué vers un plus fort maintien sur le marché du travail par rapport à la période de 2010 à 2015 où le taux d’activité reculait à 61,6% (–12,7 points). Chez les hommes, on ne note aucun flux significatif vers la non-activité suite à ­l’arrivée d’un enfant.

Avant et après la maternité, les Suissesses sont plus actives que les étrangères

Le recul de la participation au marché du travail après une première maternité s’observait tant chez les Suissesses que les étrangères. Cependant, que ce soit avant ou après la maternité, les Suissesses présentaient des taux d’activité nettement plus élevés que les mères étrangères (différences de l’ordre de 20 points de pourcentage; graphiques G7 et G8).

– 1er enfant: les mères suisses passent d’un taux d’activité de 98,1% à un taux de 90,7%; les étrangères d’un taux de 78,0% à un taux de 64,6%.

– 2e enfant: les Suissesses passent d’un taux de 84,5% à un taux de 78,4%; les étrangères d’un taux de 64,6% à un taux de 56,0%.  

Les mères aménagent leur temps de travail suite à la ­naissance de leur premier enfant

Juste avant de donner naissance à leur premier enfant, seules 2 femmes actives occupées sur 5 (40,1%) travaillent à temps partiel. La part de temps partiel double (+40,0 points de pourcentage) pour atteindre 80,1% à leur retour au travail (graphique G9). La forte croissance du temps partiel après une première maternité conduit à un recul de 22 points de pourcentage du taux d’occupation moyen (de 83% à 61%), soit l’équivalent d’un peu plus d’un jour de travail en moins par semaine.

Juste avant de donner naissance à leur deuxième enfant, 83,5% des femmes sont déjà à temps partiel. La proportion passe à 87,8% au retour à l’emploi. Le taux d’occupation moyen ne baisse plus que de 6 points (de 57% à 51%).

Davantage de temps partiel pour les pères suisses

L’arrivée d’un premier enfant dans le ménage faisait légèrement augmenter la part de pères travaillant à temps partiel (de 10,3% à 13,6%), une dynamique plus marquée que de 2010 à 2015 (de 7,3% à 9,0%). L’évolution s’observait principalement chez les Suisses (de 13,4% à 18,0%), la part de temps partiel atteignant 23,5% après la naissance d’un 2e enfant. La part de temps partiel chez les pères étrangers restait faible avant et après la naissance, que ce soit pour le 1er (6,2% après la naissance) ou le second enfant (10,1%).

Les enfants grandissent, un retour graduel sur le marché du travail s’opère

La sortie du marché du travail au moment de la naissance d’un enfant est souvent temporaire: le taux d’activité est le plus faible chez les mères de très jeunes enfants (mères avec enfant de 0 à 2 ans: 75,0%). Un retour vers la vie active s’opère ensuite progressivement jusqu’à atteindre un taux de participation de 87,5% chez les mères avec enfant de 12 à 14 ans. Ce taux reste toutefois inférieur de 5 points de pourcentage à celui des femmes sans enfant (92,1%).

Mères de très jeunes enfants: les Alémaniques plus souvent au foyer

Par rapport à 2010, le taux d’activité des mères alémaniques s’est rapproché de celui des mères romandes. Néanmoins, les mères alémaniques restent proportionnellement toujours plus nombreuses à ne pas exercer d’activité professionnelle quand l’enfant est très jeune (taux d’activité des mères avec un enfant de 0 à 2 ans: 74,6%; mères romandes: 76,4%; avec un enfant de 3 à 4 ans: 82,2% contre 84,5%). Leur participation au marché du travail s’élève ensuite rapidement pour être comparable, puis dépasser celles des mères romandes Le taux d’activité des mères italophones est plus bas que celui des autres mères; les chiffres ne sont cependant pas publiés en raison d’une fiabilité statistique insuffisante. .

Participation plus importante au marché du travail des mères vivant sans partenaire

Les mères vivant sans partenaire (elles composent 3,4% des mères avec un enfant de 0 à 2 ans, mais pas moins de 19,1% des mères avec enfant de 12 à 14 ans) sont probablement davantage contraintes à travailler pour des raisons financières. Avec un enfant de 0 à 2 ans, 78,1% des mères sans partenaire sont actives contre 74,9% des mères en couple. Chez les mères avec un enfant de 12 à 14 ans les pourcentages sont de 91,8% respectivement 86,5% (graphique G10). 

Taux d’occupation proche de 60%

Si la part des mères actives croît progressivement avec l’âge des enfants, leur taux d’occupation reste réduit. En effet, le pensum hebdomadaire moyen s’approche d’un poste de travail équivalent à un peu moins de 3 jours de travail par semaine (entre 57 et 59%) chez les mères avec des enfants jusqu’à 11 ans. Il augmente ensuite à 63% chez les femmes dont le plus jeune enfant à entre 12 et 14 ans, mais reste bien inférieur au taux d’occupation des femmes du même âge sans enfant (85%).

Les femmes actives occupées vivant sans partenaire ont un pensum hebdomadaire plus élevé que celui des mères vivant en couple (taux d’occupation supérieur d’en moyenne 10 points de pourcentage).

Les mères alémaniques avec un enfant de bas âge travaillent avec un taux d’occupation plus réduit que les mères romandes (0 à 2 ans: 54% contre 72%; 3 à 4 ans: 53% contre 68%; 6 à 8 ans: 55% contre 69%).

Davantage de sous-emploi lorsque l’enfant grandit

Seules 13,2% des mères à temps partiel dont l’enfant a entre 0 et 2 ans sont en situation de sous-emploi. Le besoin ou le souhait de travailler davantage s’accroît toutefois lorsque l’enfant grandit pour atteindre un pic chez les femmes avec un enfant entre 12 et 14 ans, période où près d’une mère active à temps partiel sur quatre (24,5%) serait disponible pour augmenter son temps de travail. Les mères suisses sont proportionnellement moins nombreuses à se trouver en situation de sous-emploi que les mères de nationalité étrangère, ceci quel que soit l’âge des enfants (graphique G11).

3 Pause familiale et réintégration ­professionnelle

La sortie du marché du travail suite à une maternité n’est souvent pas définitive puisque la part des mères actives progresse avec l’âge des enfants. La présente partie aborde la situation des mères sans activité professionnelle ainsi que le retour au marché du travail après une pause familiale.

Moins d’une mère sur cinq hors du marché du travail

En 2021, 137 000 mères ne sont pas professionnellement actives, soit moins d’une mère sur cinq (18,0%; 2011: 23,8%). La non-activité est la plus répandue chez les mères avec de très jeunes enfants (part de mères non actives avec un enfant de moins de 5 ans: 21,2%; enfant entre 5 et 9 ans: 17,6%; enfant entre 10 et 14 ans: 13,1%).

Une mère non active sur deux serait prête à travailler en cas d'offre intéressante

La quasi-totalité des mères non actives (93,5%) ne recherchaient pas d’emploi en 2021. Le motif «garde d’enfants ou autres responsabilités familiales» représentait le ou l’un des motifs de la non-recherche pour près de trois quarts d’entre elles.

Plus de la moitié (55,3%; situation en 2020) des mères étaient pourtant prêtes à travailler en cas d’offre intéressante. 15,8% étaient disponibles immédiatement ou dans un délai de 2 semaines, 14,8% à moyen terme (entre 2 semaines et 3 mois), 12,2% sur un horizon plus étendu (au-delà de 3 mois) et 10,6% non disponibles (pas d'info sur disponibilité: 1,9%; graphique G12).

Une pause familiale de cinq ans

Avant d’occuper à nouveau un emploi, les mères passaient en moyenne 5,0 ans hors du marché du travail (moyenne des années de 2016 à 2021). La pause familiale était plus longue chez les Suissesses que chez les étrangères (5,8 ans contre 3,7 ans). Elle était la plus faible chez les mères avec un niveau de formation tertiaire (3,9 ans; sans formation post-obligatoire et secondaire II ensemble: 5,8 ans). Le temps passé hors du marché du travail progresse avec le nombre d’enfants (1 enfant: 4,5 ans; 2 enfants: 4,9 ans; 3 enfants: 6,2 ans; graphique G13). On observe peu de différence entre les mères romandes et les mères alémaniques (4,7 et 5,0 ans).

Neuf mères sur dix travaillent à temps partiel après une pause familiale

91,5% des mères ayant repris une activité professionnelle occupent un emploi à temps partiel.

Leur taux d’occupation moyen est de 36%. Il est sensiblement inférieur à celui des mères n’ayant pas quitté le marché du travail suite à une maternité (61% après la naissance du 1er enfant). Le pensum hebdomadaire des mères actives occupées étrangères réintégrant le marché du travail après une pause maternité est plus élevé (42%) que celui des mères actives occupées suisses (32%). Il en est de même pour les mères avec un niveau de formation supérieur (40%; sans formation post-obligatoire et secondaire II ensemble: 33%) tout comme pour les mères romandes (44%; mères alémaniques: 33%).

Près d’une mère sur trois qui réintègre le marché du travail à temps partiel est en sous-emploi (30,0% pour la période de 2016 à 2020), une part en hausse par rapport à la période précédente (de 2010 à 2015: 22,0%).

4 L’activité professionnelle des ­mères et des pères en comparaison ­internationale

Avec la très nette hausse de la participation des mères au marché du travail au cours des 30 dernières années, les niveaux d’activité atteints en 2021 paraissent très élevés. Mais le sont-ils en comparaison internationale? Ce dernier chapitre a pour objet un comparatif succinct de la situation professionnelle des mères mais aussi des pères entre la Suisse et les pays européens.

Taux de mères actives occupées plus élevé que dans l’UE

Si les mères restent en Suisse proportionnellement plus nombreuses à travailler en comparaison à la moyenne de l’UE, elles se placent plus en retrait dans le classement par pays. En 2021, le taux des mères actives occupées avec un enfant de moins de 6 ans se situait ainsi en 8e position (74,9%), 9 points de pourcentage en dessous du taux le plus élevé affiché par les mères au Portugal (83,6%), mais supérieur de 8 points à celui de l’UE (67,0%; graphique G14). Chez les mères avec des enfants de 6 à 11 ans, il tombait à la 17e position (78,2%), 12 points de pourcentage en dessous du taux le plus élevé affiché par les mères tchèques (90,0%), mais plus que 3 points au-dessus de celui de l’UE (74,9%).

Taux d’activité plus bas avec 3 enfants ou plus

En Suisse comme dans l’UE, le taux d’actives occupées chez les mères ne varie guère qu’elles aient 1 ou 2 enfants. Il se réduit cependant assez nettement chez les femmes avec 3 enfants ou plus (graphique G15). Chez les hommes, comme déjà relevé, l’exercice d’une activité professionnelle en Suisse augmente avec la présence d’enfants mais montre aussi une très légère contraction dès 3 enfants. Le même phénomène est constaté dans l’UE.


La Suisse est le pays d'Europe où le temps partiel chez les mères est le plus répandu

En Suisse, 40,9% des femmes de 25 à 54 ans sans enfant travaillent en 2021 avec un horaire réduit. Dans l’Union européenne, la part du temps partiel Définition Eurostat du temps partiel: taux d’occupation inférieur à 100% chez les femmes sans enfant s’élèvait à 20,8% en moyenne et n'était plus élevée qu'aux Pays-Bas (42,7%).

La part du temps partiel progresse dans une très large majorité de pays avec l’arrivée d’enfants. En Suisse, la part de temps partiel chez les mères actives occupées avec enfants de moins de 6 ans était de 79,5%, soit la part la plus élevée d'Europe (graphique G16). Dans l’UE, cette part s'élevait à 34,3%.


Près d’un père sur cinq à temps partiel en Suisse et aux ­Pays-Bas

Le travail à temps partiel est très peu répandu chez les pères européens (UE: 5,5% seulement des pères actifs occupés avec enfants de moins de 6 ans en 2021). La Suisse (17,4%), les Pays-Bas (14,8%) et la Suède (11,6%) sont les seuls pays où cette part dépasse 10%.

Note méthodologique

Définitions internationales dans le domaine du marché du travail

Les définitions concernent l’ensemble des personnes de la population résidante permanente âgées de 15 ans ou plus vivant dans des ménages privés. Elles correspondent aux recommandations du Bureau international du travail (BIT).

Sont considérées comme actives occupées les personnes qui, au cours de la semaine de référence,

– ont travaillé au moins une heure contre rémunération

– ou qui, bien que temporairement absentes de leur travail (pour cause de maladie, de vacances, de congé maternité, de service militaire, etc.), avaient un emploi en tant que salariées ou indépendantes

– ou qui ont travaillé dans l’entreprise familiale sans être rémunérées.

Sont considérées comme chômeuses BIT les personnes de 15 à 74 ans

– qui n’étaient pas actives occupées au cours de la semaine de référence

– et qui ont cherché activement un emploi au cours des quatre semaines précédentes

– et qui étaient disponibles pour travailler.

Sont considérées comme non actives les personnes

– qui ne font ni partie des personnes actives occupées, ni des chômeuses BIT

Le nombre de personnes actives correspond à la somme des personnes actives occupées et de celles au chômage au sens du BIT.

Sont considérées comme étant en sous-emploi les personnes actives occupées qui

– présentent une durée normale de travail inférieure aux 90% de la durée normale de travail dans les entreprises

– et qui souhaitent travailler davantage

– et qui sont disponibles pour prendre dans les trois mois qui suivent un travail impliquant un taux d’occupation plus élevé.

Font partie des personnes actives occupées à temps partiel, les personnes actives occupées dont le taux d’occupation est inférieur à 90% (définition appliquée en Suisse). On fait la distinction entre le travail à temps partiel I et le travail à temps partiel II:

– Temps partiel I: taux d’occupation de 50 à 89%;

– Temps partiel II: taux d’occupation de moins de 50%.

Selon la définition internationale, le seuil du temps partiel se situe à 100% au lieu de 90%.

Le plein temps correspond ainsi à un degré d’occupation de 100% selon la définition internationale et à un 90–100% selon la définition Suisse.

Enquête suisse sur la population active

L’ESPA est une enquête par sondage téléphonique auprès des ménages menée chaque année depuis 1991 par l’Office fédéral de la statistique (OFS). Elle a pour but de décrire la structure et l’évolution de la population active ainsi que les comportements sur le marché du travail. Afin d’en rendre les résultats comparables sur le plan international, l’OFS s’appuie sur les recommandations du Bureau international du Travail (BIT) et sur les normes d’EUROSTAT applicables aux enquêtes sur les forces de travail. De 1991 à 2009, l’enquête a été menée au 2e trimestre uniquement. Conformément à l’accord bilatéral de coopération statistique entre la Suisse et l’Union européenne, l’ESPA est aujourd’hui menée en continu dans le but de produire des indicateurs trimestriels sur l’offre de travail. L’ESPA est réalisée par un institut d’étude de marché privé pour le compte de l’OFS. L’échantillon de base est constitué d’environ 100 000 interviews annuelles depuis 2010. Un échantillon spécial composé d’environ 20 000 interviews de personnes de nationalité étrangère complète l’échantillon de base. La population observée est la population résidante permanente de 15 ans et plus. L’ESPA a été menée par téléphone entre 1991 et 2020. Depuis 2021, l’ESPA est réalisée sous la forme d’une enquête multimode (par Internet/par téléphone) dans laquelle le relevé en ligne est privilégié.

Sa structure sous la forme d’un panel rotatif permet d’interroger les mêmes personnes 4 fois durant 15 mois d’affilée. Elle donne ainsi la possibilité d’effectuer des analyses longitudinales. Dans ce cas, la pondération de la situation initiale est utilisée, mais seules des proportions sont estimées (pas d’estimation d’effectif).

Maternité

Les femmes ayant donné naissance à un enfant sont détectées en prenant l’ensemble des femmes à l’année t-1 et en observant leur statut familial un an plus tard: une maternité est considérée avoir eu lieu si le nombre d'enfants de moins de 1 an est supérieur à celui de l’année t-1. Pour comparer la situation professionnelle avant et après l’arrivée d’un enfant, nous ajoutons comme contrainte le fait que la femme ne soit plus en congé maternité. L’inclusion des femmes en congé maternité aurait en effet été susceptible de fausser l’analyse, par exemple lors du maintien d’un contrat à plein temps durant le congé avant le passage à un temps partiel dès la reprise du travail.